Je les imagine clairement, les deux poètes amis, marcher sur le chemin en terre, la nuque écrasée par le soleil, mâchouillant quelque brin d'herbe frais.
Côte à côte dans les fleurs délicates, ils sortent d'une poche trouée un calepin fatigué. Malgré le silence de la campagne, ils se comprennent et composent en riant.
Leurs Muses sautillent entre les nuages, enroulant leurs cheveux autour des ailes des oiseaux; brusqués, ces derniers fendent les airs en sifflant une curieuse mélodie.
La biche a redressé ses oreilles : le vent se lève, accompagné d'une cavalcade violoneuse aux relents d'Orage qui effraye la campagne.
Assoupis au pied d'un arbre, la bouche ouverte, Keats et Hölderlin rêvent à l'acide Amour qui, sur la pointe de ses sabots, parcourt monts et montagnes en susurrant d'innombrables prières que rien n'abime.