samedi 30 mai 2015

Andrew Hung - Rave Cave (2015)

James arrache 2-3 billets froissés du portefeuille de sa mère et s'esquive par la porte de derrière. 
Les gouttes acides d'une pluie blasée l'accompagnent alors qu'il sautille d'un trottoir à l'autre. 

mission brocante , ultime est la quête , sacrée la procédure. 



Postée devant un stand qui sent le moisi, une grosse femme dont la tête est recouverte d'un chapeau en peau de bêtes, scrute les bibelots, tripote les livres en grommelant, le coeur durcit par trop d'années solitaires. Sa lourde main s'attarde sur un boitier noir, rongé par le temps : Space Attack 3000 . Du pouce elle caresse l'arête du jeu, plissant ses lèvres sèches, chatouillant l'idée d'acheter ce curieux objet.


Après un bon quart d'heure , la grosse dame repart avec un sachet rempli à raz-bord de câbles, manettes et autres instruments des temps anciens. Le vendeur se frotte les mains, il n’espérait pas se débarrasser aussi rapidement de l'encombrante marchandise.  




Arrivée au pied de son immeuble, la femme croise le regard du petit James, assis devant la porte, la morve aux lèvres. Le chenapan s'est fait choper à chouraver du flouze à sa daronne, le voilà puni.Non sans soupirer, elle l'invite alors à venir essayer le nouveau bidule, là, qu'elle a acheté. 
Le gamin passe sa tête au dessus du sachet 
son regard s'illumine, ses cheveux crépitent 
la galaxie n'a qu'à bien se tenir! 


EP toqué aux relents d'acides, Planes donne irrésistiblement envie de s'agiter, dans des bois au fond d'une cave contre un cadavre de vache fumant, peu importe, du moment que les décibels claquent .

mardi 12 mai 2015

3 morceaux pour .... renverser son thé dans un décoletté

Les jambes crémeuses croisées sous elle, la jolie môme entame un morceau entrainant. 
Les invités se réveillent, curieux d'entendre de quoi elle est capable. 

Les lèvres dansent-elles, au coin du feu enivré? 



D'un bout à l'autre de la pièce amusée, les mélodies se cherchent et s'attrapent, entrainant dans leur sillage les auditeurs, éberlués par tant d'audace. Un type un peu crâneur s’agenouille près de la musicienne, respire son parfum musqué puis l'accompagne en chantant doucement. 



Patience, petit amant ! 


La gamine aux yeux turquoise n'a pas fini son show, décale-toi un peu, laisse-lui la place pour étaler son instrument. Elle qui caresse sa guitare comme d'autres le corps de l'être aimé, sorte d'amour flétri, dernière étreinte? 







lundi 11 mai 2015

Fauna - Avifauna


 2012


La corolle éclatée d'une chouette effraie s'ébroue sur la pochette aux teintes de nuit. Ses plumes sombres chatouillent les bords du cadre, qui, traversé d'ondes discrètes, tord ses angles de plaisir. L'oiseau Ténèbres plante ses griffes dans l'écorce en vinyle du disque, prêt pour la chasse : ses ailes battent la mesure, tranchant vigoureusement l'air saturé d'insectes - éberlués, ces derniers zigzaguent (au hasard) par petits groupes, vomissant des cliquetis de trouille, écrasant leurs antennes contre les arbres, se télescopant dans la plus totale incohérence.
Brassant ces armées d'éphémères avec indifférence, la chouette prend son envol, laissant dans son sillage mille cadavres flottants, à peine trop légers pour retomber au sol..



Les membres de Fauna, à la manière de l'oiseau Roi, articulent leur disque autour d'un squelette nocturne monolithique, traversé de toutes parts par de multiples fulgurances : coups de griffes, , hurlements désespérés sur fond de distorsions enragées, l'atmosphère se veut sauvage, hostile. Pourtant, par-delà l’escadron de riffs sombres et obsédants, s'immiscent quelques rayons d'espoir. Une poignée d'accords d'une pureté cristalline humectent l'obscurité et répandent leur lumière , tout comme l'aurore avale la nuit, au compte-gouttes, sans se presser.



Soaring into Earth et ses pépiements d'oiseaux au goût ortie, pose les fondations végétales nécessaires à l'épanouissement du reste de l'album. N'hésitant pas à varier les plaisirs, le groupe invite violoncelles et voix féminines à venir partager leur mélancolie au hasard des portées, renforçant le côté mystique des morceaux.


Subtil et langoureux, Avifauna possède une aura démesurée de bête farouche, qui d'emblée nous happe dans ce monde onirique dont on ressort secoué, les membres couverts d'humus.
Avec un peu de chance, à la prochaine écoute, si l'on tend bien l'oreille, on entendra la chouette, revenue de sa partie de chasse qui doucement se blottit contre l'écorce, la mine fatiguée mais sereine d'être, à jamais, indomptée.


lundi 4 mai 2015

3 morceaux pour .... raconter sa nuit

Cette nuit, je me suis revue enfant, en train de me faire chouchouter par mes parents. 
Puis j'ai visité une base secrète de la NASA en compagnie de Ryan Gosling, qui, finalement, est carrément moins chiant qu'on pourrait l'imaginer. 
J'ai ensuite appris à jouer de la gratte en un temps record, de quoi donner un concert dans les grands jardins d'un Orphelinat de style Victorien, devant une centaine de mômes survoltés.
 

Je me suis ensuite réveillée en toussant, la tronche collée à une part de pizza au ketchup. 


torride ! 


 Amanda S, 16 ans



*****



J'ai pas réussi à fermer l'oeil. J'ai mangé une poignée de pâtes à 11h devant un épisode de Fargo, puis j'ai tenté de faire un peu de son. Y'avait mon chat qui n'arrêtait pas de miauler à la mort, j'ai dû l'enfermer dans un cagibi. Vers 2 h , j'ai zoné sur la toile en pensant à rien, chopant quelques albums 2015 par-ci par-là, rien d'ébouriffant. Je me suis endormi sur mon clavier à l'aube et suis en train de rêver que j'raconte ma nuit sur un morceau franchement épique.




miaou .. 

David K, 17 ans




*****


J'ai passé la nuit dans une voiture grise, en direction de la ville d'O....... . Le conducteur roulait prudemment, surement à cause du brouillard laiteux qui bouffait le paysage. Les arbres, au loin, me faisaient penser à des chercheurs d'or désabusés, tendant leurs vieux os vers le ciel , quémandant un peu de répit . Mes écouteurs crachotaient des morceaux d'étoiles, la lune veillait sur moi. 



Onirique? 
surement..


Anonyme, 22 ans




dimanche 3 mai 2015

San Fermin - Jackrabbit

San Fermin - Jackrabbit (2015)


Le son est clean, l'atmosphère foutraque , msieur Lapin broie de l'or.



L'oreille grignotée par Ladies Mary, Jack balance ses orteils à quelques centimètres du parquet. La jeune femme dont il reniflait le parfum à même la peau, cette nuit, s'étire. En sifflotant, Jack traine sa silhouette jusqu'à la cuisine, vert-pomme tape à l'oeil, je suis un grand garçon, que coule la caféine!

 Quelques rayons timides lèchent la croupe de la jeune femme encore emmêlée à la couette; ses cheveux s'imprègnent du tempo déroutant de cet album flingué à l'audace, parcouru de frissons boisés. pieds nus sur des brindilles, le couple se met à danser.



 
Sur le matelas sans sommeil de la Nymphe Emily, s'étalent des mélodies intrépides qui s'engouffrent dans le sillage des deux amants - au détour d'un buisson, Jack se pétrifie sur place. Ses doigts se couvrent de touffes de poils grisâtres , des griffes déchirent la fine peau sous ses ongles, ses oreilles s'étirent au son de cordes lancinantes. Pris de panique, Jack Rabbit s'élance sur un sentier couvert de mousse, dérape autour du tas de bois et se retrouve le dos plongé dans les fougères. Son petit coeur de lapin bat la chamade, son museau se plie au rythme frénétique des insectes qui bourdonnent autour de lui, à l'affût, il écoute ..




Jackrabbit, à l'image de son artwork, est un album qui s'apprivoise et se découvre par bribes, morceau après morceau, au gré des ondes fluviales. 

Quand tous, êtes condamnés à l'ennui, 
de son fourré le lapin surgit
d'un coup de patte, d'un coup de langue 
il vous attire , sur un break de miel 
à partager , subrepticement, son ressenti