La main glacée d'une fillette caresse la poignée en fer, la tourne. Une fois la porte entr'ouverte, elle sort timidement de sa chambre, ses pieds nus frottant contre le parquet.
Lentement, elle progresse dans le sombre corridor, le coeur battant, attentive aux frissons de la Nuit qui entoure les formes, avale les contours des choses.
Soudain, son pied se prend dans la chevelure de l'ombre, son corps bascule en avant. Sa tête vient heurter le sol de plein fouet, les os de son nez se brisent avec fracas, du sang éclabousse son front , lisse et blanc, doux comme un songe.
Sa vie la quitte, sans un bruit.
Accoudé à une table en hêtre, dont les pieds, éclaboussés de Kanjis rouge sang frémissent de peur, le vieux Samurai sirote placidement sa bouteille de saké. Au fond de la pièce, allongé sur un coffre sombre, sommeille un chat blanc au pelage constellé de taches brunes. Ses moustaches hirsutes pointent vers le haut, lui conférant ainsi l'air d'un vieux sage un peu toqué.
Le Samurai se racle la gorge. D'un mouvement vif, il caresse le Katana posé à côté de son verre, et lui murmure quelques paroles apaisantes. Dehors, la nuit retire sa cape sombre avec paresse, laissant le soin à l'aube d'illuminer le village endormi. Une poignée de grillons ivres frottent frénétiquement leurs pattes en baillant ; l'atmosphère, gonflée par le cri des insectes, se fait plus pesante .
Le vieux Samurai ferme les yeux, emplissant ses poumons d'air une dernière fois. Il empoigne son arme à deux mains, tout en faisant face à ses adversaires.
Quelques instants plus tard, il tombe, une épée plantée entre les omoplates.
Le chat se laisse alors mourir , à ses côtés.
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