mercredi 28 janvier 2015

Carpenter Brut - EP III




Un coup d'oeil vers l'artwork suffirait à mettre l'eau à la bouche d'un bonze dépourvu d'ouïe. Division Ruine et son titre cramé ouvrent les hostilités ,  un type en blouson de cuir nous ouvre les portes de sa caisse rutilante, on s'y engouffre avec plaisir. 

Paradise Warfare, plus langoureuse, agite ses courbes gorgées des rayons du soleil en déclin , peinarde, puis débarque sans prévenir un saxo moite, collé de près par une batterie avide d'en découdre. Le tempo s'accélère, nous entraine dans sa course, pied au plancher brother, l'éternité n'attend pas !





Turbo Killer c'est LA chanson à écouter au volant de son bolide, tôt le matin, à l'heure où les hiboux hirsutes s'endorment, les yeux injectés de sommeil, les mains collées au levier de vitesse. 
Requiem au gout diesel pour les fanas de vitesse, ne vous fiez pas à son ouverture sereine: Le goudron te saute à la gorge, au détour d'un break agité,  arrache ta jugulaire en glapissant, balance ton corps mourant dans un fossé où l'herbe sèche, à présent cramoisie, crépite de te voir crever.
 



Petit coup de mou, Anarchy Road, faut dire qu'il était quasiment impossible de s'en sortir, vu le monstre Turbo qui le talonne. Les vocaux me dérangent, sont-ils de trop?
Le paysage tracé par cet EP  est un peu le mien , je me l'étais approprié. Pas vraiment envie d'ouvrir ma portière pour ce passager importun, heureusement, il n'insiste pas !



Invasion A.D sonne comme une fin de route en précipice, la chute irrémédiable de tout accro au bitume; elle déploie ses derniers kilomètres sur plus de 6minutes, tranquillement ....
Mais lorsque tout semble terminé, joué d'avance par un jet de dés au casino miteux du coin, des coups sourds se font entendre. Regard angoissé de tous les côtés, c'est droit devant qu'une ombre se dessine : Un putain de cavalier d' l'apocalypse, au volant de sa Buick Skylark 74 ,démoniaque, qui fait beugler la gomme . Du béton écrasé s'échappent des cris d'âmes damnées, et d'opaques volutes encerclent le bolide, habité par les plus immondes intentions. 

Enfoncer l'accélérateur une ultime fois tout en souriant, y'a pas grand chose d'autre à foutre. 






 La force de cet EP, outre son éclatante franchise et sa brutalité hypnotique d’Auroch , est en fait sa linéarité apparente, qui, sans cesse, se retrouve chatouillée par des mélodies efficaces qui font l'effet d'un shoot à l'essence, à la fois âpre et envoûtant. De l'or pour les braves!   

mardi 27 janvier 2015

3 morceaux pour le chemin du retour




 Léger détour par la ville Technoïde,comme les timides lueurs du petit matin s'y prêtent ..


 Salle feutrée dans laquelle évolue une cyborg à forte poitrine, elle danse contre un type mal rasé,
avachi sur son fauteuil, un verre de whisky au bout des doigts.




La transition est compliquée, par peur de tomber sur un morceau trop 'brutal', j'enchaine avec un disque qui me connait bien : 


Tant pis pour les gens qui ne comprennent pas vraiment pourquoi je groove sur le trottoir, mimant divers instruments. 



Mon lit n'est plus très loin , 'me faut une dernière série de bruits qui me mettent K-O, sans violence inutile, mais avec fermeté, mon pouce sélectionne un ultime morceau .



 La rétine flinguée par les rayons d'un soleil vert, traitreusement en avance, grignotant ce qu'il me restait de peau, je ne suis plus très sûre d'avoir envie de dormir..






3 morceaux pour rager en CHIEN

Alors quoi? 
t'as le squelette en vrac? 
plus l'âme d'un conquérant? 

T'inquiète pas trop, va, l'amertume se dilue, avec le temps. 




Mais t'as les crocs, je le vois bien!
Des postillons dorés envahissent la commissure de tes lèvres, 
chope-toi une fille, n'importe laquelle, celle qui te plait le plus, elles sont toutes en communion avec le Diable, à remuer leur corps comme si leur vie en dépendait, un truc que tu comprends, toi, n'est-ce pas? 
remuer pour pas sombrer
alors laisse parler tes hanches 



Puis s'il le faut tu vomiras, par delà les tambours, 
à l'aube nouvelle suffit sa peine, 
lové dans un bunker d'herbes aromatiques, glapit la Vouivre de feu
qui en un geste mimétique , décapite de peu
un preu guignol en armure qui doucement se couche
entre les pattes du monstre.


Kuedo - Severant

L'réveil métallique projette un faisceau de néon violet à la face de l'inspecteur. Assommé par l’Absinthe, il peine à émerger du cauchemar dans lequel vibrait son esprit. Trimbale alors sa carcasse en slip jusqu'au bar encombré de détritus - robot nettoyeur congédié il y a peu , suite à un accès de colère. D'un geste lent il attire vers lui la bouteille éventrée, et boit directement au goulot. Allers-retours électriques de la glotte , circuits neuronales cramés au son, l'inspecteur s'effondre sur son tapis, acheté dans un souvenir, aux côtés d'une grande femme aux cheveux bleus. 




La nuit a depuis longtemps avalé la chaleur artificielle du jour, et son haleine acide s'immisce au plus profond des rues et des artères. La ville est en émoi : des grappes de jeunes s’agglutinent devant les bars et autres clubs, pressés par le manque. Leurs mâchoires claquent d'impatience, les discutions sont agitées. Raoul renifle des restes de crystal sur l'arrête de son pouce et s'engouffre à l'intérieur d'une salle d'où s'échappent des beats pachydermiques. Dans les toilettes, où s'étale aux murs la crasse de toute une génération perdue, Raoul achète en scred deux grammes d'une poudre violette, légèrement pailletée. Il saupoudre le tout sur sa langue , et, évitant les miroirs, sort furtivement des chiottes. Les néons crépitent de fureur, déversant leur lumière sur une masse en sueur , Raoul sent un corps de fille se coller au sien, remue un peu les hanches, puis c'est le break, des beats hélicoptères (Scissors) l'emportent loin, écrasant ce qu'il lui restait de conscience, hachant ses membres avec délice.



Kuedo nous offre un album aux allures de guide nocturne imparable, idéal pour se paumer en toute inconscience dans les méandres d'un monde extatique et futuriste, peuplé de cyborgs à la silhouette gracieuse et dont les rues seraient pavées de corps désarticulés, ravagés par le Temps, la Musique et la Solitude




lundi 19 janvier 2015

Top 2014 : 5 pochettes qui tuent


Danny Spiteri - Crea Island

Des nuages s'agglutinent aux pieds d'une plateforme abandonnée, grignotant le métal , envahissant une grande partie de l'espace. A l'arrière plan, une chaîne montagneuse mange crânement des bouts de ciel . L'impression de profondeur est totale .. Dans le coin, là, tout devant, un type en costard , debout sur un bateau.. Il toise le paysage du haut de son pouce et demi. Détail inquiétant, ses mains enfoncées dans ses poches... que cache-t-il? 




CHROMB! - II

Des silhouettes en filigrane qu'on a envie de toucher, un coucher de soleil pourpre et hypnotique devant lequel se dresse fièrement une immense machine/demeure (?) qui invite notre imagination au vagabondage... Et cette dernière s'en donne à coeur joie, bondissant d'un coin à l'autre de la pochette, flattée de prendre part à cette étrange caravane pour un périple à travers cet immense désert moderne teinté de vie..





Plaid - Reachy Prints


Contre les parois de ce crâne radiographié s'emmêlent différents matériaux; béton rugueux d'un immeuble fatigué, caresse légèrement fruitée des feuilles de l'arbre ou tout simplement le souffle du vent, tous s’éparpillent pour mieux se côtoyer ensuite, adroitement mâchés, malaxés par cette mâchoire terrible, qui tend vers un espace plus sombre.. 






Unwound - Rat Conspiracy

Les contours sont flous, le public fasciné , ça donne direct envie d'y jeter une oreille. On espère un son crade, noyé sous les fumées opaques de quelques marlboro crachées au sol entre deux morceaux acides. Cette pochette , comme l'album qu'elle contient , d'ailleurs, semble hésiter  entre deux états:  une nonchalance assumée et envoûtante, et une agressivité fauve dont on portera les marques un long moment. De quoi se rouvrir une bière et de s'en griller une.





Vessel - Punish, Honey

Des corps tendus vers l'infini s'échappent un amas de notes distordues, agressives, nécessaire. On songe à l'idéal Grec, au marbre glacé d'un gladiateur en train de jouir sur son adversaire, la face couverte de poussière, les muscles gonflés sous la chair, l'empereur abaisse son pouce...


mercredi 14 janvier 2015

Panique Aquatique






À la surface, en profondeur, les ailes de quelques oiseaux congelés taquinent les flots, à leur manière. 
Sous les nombreuses croutes de glace fraiche se réunissent des batraciens, l'air préoccupé, la langue recroquevillée à l'intérieur. Les remous causés par les battements de plume agacent les grenouilles qui croassent hargneusement. Le gros crapaud, lui, se montre plus réfléchi et leur intime le silence, d'un gros cri guttural qui force le respect.





Après quelques minutes de débats enflammés, les esprits s'échauffent, les coeurs bouillonnent et se laissent allègrement déborder par des flots de vulgarités acides, balancées à la gueule du voisin comme autant de cadavres d'anonymes jetés en fosse commune.  Le monde aquatique est en ébullition, et, sous l’œil triste d'une poignée de têtards hagards, les vénérables batraciens commencent à se bouffer les chairs, peau élastique goût "algues fatiguées", laissant régulièrement échapper de gros rots hors des gosiers cannibales. 






Au centre du lac, maman canard scrute les profondeurs à la recherche de nourriture pour ses petits, pelotonnés sur la berge. Claquements de becs anesthésiés par le froid, secousses liées aux morsures du vent, les canetons patientent sagement, les pattes repliées sous eux. Le plus petit redresse soudain sa tête hirsute , le regard illuminé: la cane s'approche à vive allure, le bec débordant de victuailles, lambeaux verdâtres et pustuleux, encore chauds du sang qu'ils contenaient quelques instants plus tôt...