jeudi 21 janvier 2016

space invaders - Dreadnought

Au moment où je me suis barré au volant de ma caisse, une drôle de vision m'est apparue.
toi, à poil sur un bouclier en bronze, les doigts perdus dans la fourrure d'ours étalée sous ton corps. 
On aurait dit que tu sortais de l'eau, ta peau étincelait, j'ai même glissé ma langue au-dehors pour tenter d'en lécher le sel - amère fut ma frustration. 
J'ai cligné frénétiquement des yeux, me suis sorti une bière de la glacière posée côté passager, et ai sifflé la canette d'une traite. Le moteur rugit, la tire a fait un bond en grommelant alors j'ai pressé la pédale aussi fort que j'ai pu, comme pour lui fermer sa gueule. Un rot malodorant s'est sauvé de ma gorge, éraflant mes lèvres au passage. 
Mes yeux me lançaient, et j'eus beau les frotter frénétiquement du bout des doigts, rien n'y fit. 
saloperie ! 

Aux abords d'un petit bois, je m'enfilai une seconde canette, non sans en verser un peu partout. 

"J'en ai plus rien à foutre! t'entends?? Plus rien à FOOOOUTRE!" braillai-je, au bord de l'explosion
"Je baptise le volant, salope, et si ça me chante, je me baptise même la bite, t'entends?"
Un oeil vissé sur le rétroviseur, je me tordais la peau des joues dans tous les sens. 
D'affreuses grimaces qui changeaient mon visage en tronc
et mes bras qui serpentent au dessus du volant, 
immatériels
à moitié morts de froid, les poils tortillés autour d'un totem de feu

poussière de coke mêlée aux larmes chaudes, j'avais une forte envie de pisser. 

J'ai stoppé la voiture à la tombée de la nuit, ai saisi la glacière, et suis allé me caler entre deux grosses pierres tombales, plantées au travers d'un petit chemin tremblant.

L'angoisse de me faire bouffer par des écureuils,
des fourmis plein les poches,
j'ai commencé à bouillonner, je me suis trainé jusqu'au coffre, ai saisi ma guitare, 

et suis allé me peler les doigts sur les cordes rêches de l'instrument, vomissant ma colère par delà les fougères, les pieds écrabouillant des tripotées de champignons qui éclataient en fumant. 

fertile journée d'hiver, quand tu m'as saisi , ce matin
j'ai cru déceler , entre tes paupières, un éclat rougeâtre , malsain

serais-tu là , en réponse à mes prières? 




 

lundi 11 janvier 2016

father, father, what have you done?


j'ai pas la force, d'écouter du Bowie, ce soir.
alors je me rabats sur des morceaux qui insufflent assez de rage afin de te faire craquer des phalanges et balancer des coups dans tous les sens, contre les murs, miroirs, mâchoires, à en faire saigner les étoiles qui cette nuit se recueillent à leur manière, en brulant de mille riffs et mélodies synthétiques, ébrouant leurs crinières à la barbe des sceptiques. 

R.I.P , Ziggy Stardust