jeudi 17 novembre 2016

Trahison

Le Temps, fidèle
ennemi
m'invite à sa table.
Mes doigts s'entrechoquent sur les couverts d'argent.

Je dépose un baiser tiède
Au sommet de ton épaule
morte

Blafarde errance d'une bouche molle
rongée par l'Amour

Sous ta peau lunaire
serpente un ruisseau triste

Pourpres, maigres
tes jambes flageolent en tentant de me fuir

Deux mont liquéfiés - de trouille
se dressent sous tes caresses

Ah! Qu'il était fier et lourd, le temps des Amours Jeunes



 
maintenant, les draps se gonflent de larmes à la réminiscence de ton corps disparu

et toutes ces âmes mortes
qui hurlent dans l'obscurité
s'éclatent en mille cohortes
dans les tréfonds d'un songe torturé


j'accuse! le frais matin de m'avoir aveuglée
Il me reprend mon âme 

et quel supplice, de plonger tout entier dans cette masse sombre
mouillée des larmes d'un autre temps

réveille-toi , putain!
nettoie ta gueule d'amour barbouillée et 

P A S S E   A   A U T R E   C H O S E 

sinon...



De la pointe des dents, je mordille des petits bouts d'un nouveau corps immaculé, trempé d'innocence.
Ta chair est tendre et moite, fondue sur les contours de mes doigts qu'avidement je décide de lécher.

Jusqu'à la prochaine odeur, je veux bien m'ignorer.

Et si ton corps venait à disparaître, j'irai sonder les limbes hostiles, d'un pas décidé. Hurlant ton nom aux ombres douces, percées de regrets, je franchirai l'impossible au coeur de glace. 

Ici, où les distances infinies maintiennent le temps en émoi, comme le ferait une meute de hyènes affamées, je n'ai plus peur de lui. Sa taille ne m'effraye pas puisqu'il n'est rien, minuscule parasite hagard aux yeux tombants, qui sournoisement m'évite...

bâtard!

J'en ai croisé, des lâches, mais toi t'es leur leader puant, avec ton corps trop grand qui ne peut passer les portes de l'esprit, barbote, barbote ! dans ta libre fange, terre mouillée aux beats assourdissants et disgracieux, ils sont légions à vouloir t'ignorer. 

Et je cherche ton sourire, sur ces faces d'ardoise monotones
même si je sais très bien qu'au fond, je n'en n'ai plus besoin




jeudi 10 novembre 2016

Ellipses

Nil Hartman - Ellipses (2016) 



Rongée par les remords, l'ombre discrète joue des coudes et tente de se mouvoir au milieu d'une foule vorace, s'étendant à perte de vue. Affaiblie par une dépendance flagrante à l'autre, au souvenir tendre de ses caresses ainsi qu'aux réminiscence d'un Temps Immémorial, toujours, gonflée d'espérance, elle peine à avancer.

Pourtant, 32 annonce un changement purgatif :

Au contact de ces êtres, l'ombre s'ouvre doucement, à la manière d'une fleur tardive, se nourrissant des éclats de voix que l'air réchauffe à gros bouillon. Voici que le rouge lui monte aux joues, cela faisait bien longtemps. Et c'est de face, en pleine lumière, qu'elle se montre à présent.

Au hasard des soubresauts sucrés de ces pantins de sueur, désarticulés, l'orgue triste s'agenouille puis se relève, chaque fois qu'il croit apercevoir celle pour qui tout est destiné.


Les notes tombent sur sa chair en multitude d'Émois craintifs, combien ces rides ont-elles acceptées de larmes?

Discrètement ,Nil Hartman réussit l'exploit de capturer l'instant, sans l'amocher, ( ) en est la preuve concrète. Et j'attendais, oh, j'attendais, un morceau baigné d'Extase et imparable, symbole transi d'une époque à venir...

Yoctomètre
(ouverture de l'année, sans hésitation) déploie son synthé saturnien et nous montre l'Avenir, en souriant. Un ange en perdrait ses ailes de douceur, trouvant d'autres moyens pour regagner son trône.

Et moi, c'est avec des morceaux de cette trempe que je veux grandir. Je suis même prête à pardonner.

Ellipses offre, aux plus moribonds d'entre nous, une rédemption salvatrice , inespérée, perdue dans un recoin de l'Univers, noyée dans le volcan de l'amour fruste. Sans titre 6 n'a pas besoin de nom puisqu'elle est toutes et tous et qu'elle jaillit de l'ombre en un soubresaut gigantesque, laissant derrière elle des gouttes chaudes d'une lave magnétique irisée.


Merci