mardi 22 mars 2016

3 morceaux pour ... l'oublier

les bras tendus vers l'inspecteur , le jeune meurtrier se liquéfie sous le poids des livres aux mornes couvertures qu'il est forcé de porter, les paumes ouvertes et rougies. Torturé depuis l'avant-veille, son corps tout entier se meurt. Sous ses yeux, s'étirent, à la manière de félins sauvages, des cernes violacées . La peau, qui est à vif, palpite sous les coups de poings furieux du maton, gros balourd  enivré par les bruits de chair qui s'use. 

Alors le gosse repense à cette fille, rencontrée quelques semaines plus tôt sur ce son là. 



C'était une grande brune au teint pâle, petit nez retroussé. Ses lèvres, contournées par un léger gloss rougeâtre avaient capté son attention dès le premier regard. Le môme était fasciné par ses traits, il avait du mal à déglutir ; de minuscules gouttes de sueur brouillaient la peau blanche de son front. Il avait pris son courage à deux mains et s'était approché d'elle, s'efforçant de ne pas trembler. Son coeur pompait le sang un max, sa tête tournait dans tous les sens. 
Mais il osa l'aborder, une bouteille de bière fraiche à la main et un sourire grignotant ses joues. 

Quelques minutes plus tard, ils dansaient frénétiquement sur ce morceau là: 


Tout est parti en vrille. Je me tenais les tempes, persuadé d'avoir aperçu un ange défoncé se meurtrir les ailes contre les murs. Je ne sais pas quelle dope j'avais sniffé, avec la fille, mais c'était pas un truc normal. Mes paupières brulaient, j'avais la gorge à vif, et une morve liquide coulait de mon nez en faisant d'étranges petites bulles translucides. 
Je l'ai entrainée avec moi dans les chiottes des mecs, en maudissant le futur, puis je l'ai plaquée contre une parois cradingue, pour la gifler. Il y eut dans ce geste une évidente séduction, j'ai vu son corps frémir.
Elle me fixait intensément, ça m'a foutu en rogne, de la voir comme ça, me fixer ainsi, alors je lui ai craché à la gueule, j'arrivais pas à me contrôler, j'ai vu mes mains se rejoindre autour de son cou et.... 





mardi 15 mars 2016

tromper l'ennui

J'ai barbouillé le crâne d'un gosse de larmes, à force de m'ennuyer
écartant les doigts je puis voir, le mince filet blanchâtre lâché par ces heures à jamais disparues
au loin, des pigeons se foutent de ma gueulent en battant des ailes
contre leurs corps gras les plumes sonnent comme un glas

y'a-t-il vraiment plus rien à faire? 

De la pointe du pied j'écarte le cadavre pourri d'une guitare abandonnée
ses cordes cassantes frissonnent et gémissent, j'en ai la chair de poule. 

Un banc me fait de l'oeil, de l'autre côté de la cour. 
je m'y assieds, la gorge brûlante

--craaaac-- 

sous mon postérieur, une boite de cd , flanquée uniquement de cette inscription : 

PLAY ME!!

je l'ouvre, insère le disque brillant dans mon lecteur et tout change. 




Peach Kelli Pop débarque dans mes oreilles tel un Ouragan de dragibus célestes et craquants comme le sable, je trésaille. En maints endroits, ma peau commence à fondre. J'relève la tête, y'a pourtant pas de soleil!

m'en fous d'avoir l'air bête, je gigote à présent debout, sans retenue aucune

mes semelles piétinent les fientes des pigeons, les mômes ont pris peur et se planquent sur les branches des vieux arbres endormis, deux-trois pervenches convulsent au son des grattes enjouées, je suis enfin bien, ma toux s'est envolée. 





jeudi 10 mars 2016

HEXN - al-khïmiyya



C’était une maison triste et suintante, aux lourds volets ridés, qui se dressait maladroitement au centre d’une mare de boue, servant de terrain de jeu à une armée de porcelets braillards. Tous avaient deux gouffres béants à la place des yeux, deux gouffres chauds et mouillés dont gouttaient des larmes vermeilles parsemées de croûtes qui s’effaçaient dans le sol en quelques crépitements sordides. Le plus jeune d’entre eux, celui qui n’avait pas de queue, somnolait entre les pattes du cadavre de sa mère, allègrement rongé par les asticots. Petit pourceau rumine, le groin couvert 
de moisissures, entrecoupant ses élucubrations de rots sanguinolents.
À quelques mètres de lui, un puis creusé à même le sol recrache des volutes d’une fumée acide et grise , relents mortels puisés au plus profond des Enfers, et qui écorchent les parois à chaque passage. Tout au fond, un alchimiste à la peau trouée par la lèpre s’active au dessus d’un grimoire. Sa main droite malaxe une racine brunâtre, la gauche tourne lentement les pages du livre. Moisies depuis des lustres, ces dernières sont fragiles, il n’est pas rare que des petits bouts orphelins virevoltent dans l’obscurité. Un cierge planté dans un crâne de singe éclaire sporadiquement les lieux, ici, la langueur est éternelle.
En haut, dans la lumière, quelque chose a changé.
Petit cochon chouineur a redressé la tête et écoute : des semelles en caoutchouc font gémir la gadoue, des petits pas d’enfant qui se rapprochent et qui ont tout d’un tendre repas providentiel.
Au son rauque d’un râle de corbeau querelleur apparait le marmot au teint pâle et aux cheveux bouclés. Il s’avance lentement vers la maison aux volets mangés par la fièvre, prenant soin d’éviter de réveiller les porcs, vautrés dans la fange tels des soldats exténués dans les tranchées. L’atmosphère s’épaissit lorsque le plus jeune des pourceaux sent que le mioche s’est arrêté devant le puis. Une mélodie décadente s’élève de l’anneau ténébreux, grinçante et métallique, comme le sang . L’enfant calme sa respiration au maximum et tend l’oreille. Ce qu’il perçoit le paralyse…
HEXN distille ses 6 tracks en maître total de la formule : al-khïmiyya prend l’auditeur aux tripes dès les crépitements carnassiers du premier morceau. Âpre et frontal à la manière d’une bête démente, Never Again Again Again martèle l’espace de ses sabots électroniques, traçant les prémices terreux d’une voie que l’on devine impitoyable, que l’on s’empresse pourtant d’emprunter. Les passages chantés retournent le corps et l’esprit. À qui donc appartient cette voix torturée et plaintive ? Un être solitaire aux cheveux rongés par l’effroi vous répondra brusquement, une armée de notes saccagées à ses trousses. Veut-il être sauvé ? Plus les morceaux se consument, plus les chairs se creusent d’entailles mélodiques profondes. HEXN se joue de nous, piétinant allègrement nos parcelles de confort, étirant les morceaux à sa convenance, forçant ses instruments à vomir tripes et boyaux pour nous offrir le plus ardent des spectacles.
L’enfant, à présent habité par une force qui le dépasse, n’entend pas l’animal qui se rapproche. Lorsque le groin de la bête entre en contact avec les cuisses du gamin, l’alchimiste redresse vivement la tête, le visage fendu d’un sourire cruel. D’un geste lent, il ouvre les bras, prêt à recevoir l’offrande.
En écoute ici --> ici

vendredi 4 mars 2016

Venetian Snares - Traditional Synthesizer Music


Le mec le plus tordu du quartier électronique revient avec son nouveau disque sous le bras. Le titre et l'artwork imposent le respect , plutôt bon signe, me voilà intriguée, je fais claquer le son. Eeeeeh, mais la sobriété lui sied plutôt bien, à mon ennemi préféré, ça sonne comme du AFX décomplexé, je nage en plein régal !
L'ouverture m'a surprise par sa franchise, elle nous propulse directement, sans manières idiotes, dans le cosmos réinventé du compositeur aux cheveux de miel.

Les mélodies peuvent être fières de deux choses : leur omniprésence et leur générosité ; tout au long de l'album, on se surprendra à frissonner un paquet de fois , les oreilles chatouillées par ces bribes de synthé ahuries, Magnificent Stumble et ses bulles synthétiques de génie en sont le parfait exemple. Bordel, le mec tape pile dans ce qui m'émeut le plus, en musique. Des plaintes électroniques rattrapées par des rythmes louches, probablement cinglés, qui n'auront d'autre but que celui de cavaler après l'excès afin de le bouloter en gigotant dans une marre de cymbales mâtinées de poudre clignotante.

Respect!