samedi 20 juin 2015

Bave sur ma pochette ... mouillée

Teeth of the Sea - Orphaned by the ocean (2009)

Sous un amas d'altostratus bigarrés, s'étend une mer sombre et plate, impitoyable. 
La carapace trempée d'un chalutier qui chavire cache ce que l'on pourrait prendre pour une étendue sablée. 

Mirage? 

Poséidon, trahi par la croix à l'avant du bateau, a envoyé ses filles contre la coque - 
de leurs doigts translucides, les voilà qui tirent, inlassablement, le mastodonte vers les flots...

L'équipage, charmé par le chant des Sirènes, s'est depuis longtemps noyé 


mardi 16 juin 2015

Squeeze

Velvet Underground (1973) 



Arborant fièrement son symbole "branlette sur les nuages Toxic de la médiocrité", Squeeze dépucelle doucement les esgourdes. Guilleret et punchy du début à la fin, Yule ne lésine pourtant pas sur l'ironie. Pour peu que l'on tende ses tympans à l’extrême, l'évidence nous parviendra par bribes douces-amères : l'intro de Mean Old Man parle d'elle-même. Puis l'album est parcouru de breaks vicieux, qui s'imposent lorsqu'on s'y attend le moins, comme une bousculade par derrière, sournoise, entre deux nappes de grattes chauffées au soleil - d'ailleurs, le second morceau ne s'intitule-t-il pas Crash? Brutal et malsain , aussi fulgurant qu'une Chevrolet écrabouillée contre le tronc d'un jeune platane aux lignes courbes.

Planté au coin d'une rue sèche comme la bite d'un curé, Dopey Joe se crame une cigarette en tétant au goulot du bon vieux Jack. Les guitares se font plus grasses, comme pour souligner l'absence terrible de gonzesses, Yule, petit plaisantin, tu modules légèrement ton timbre de voix, hin? Tu veux nous faire croire que t'as du vécu, d'un coup, que tu piges mieux que nous?
Je vais te dire, mon pote, ptêtre bien que t'as raison.

De l'artwork aux coups secs de batterie, en passant par les titres des morceaux, ton album fouette la rasade sarcastique, celle qui est assez forte pour filer la nausée aux mauviettes mais d'une qualité si fine qu'elle saura contenter le reste.
Vieux pote, je fais partie de ce fameux reste, cadavres conquis, qui planent à chaque écoute. Du bout de la langue, je veux bien toucher ton building, là, pour goûter..

lundi 15 juin 2015

Jolie Môme d'une Nuit musicale

Dans les premières lueurs de l'Aube, le corps courbé vers la terre, j'attends, assis devant la salle, quelques amis encore à l'intérieur. 

L'air matinal, gonflé par les affres d'une nuit musicale intense, me fait du bien. 
Sur mon visage, dans mes cheveux, une légère brise dépose quelques conseils avisés. 
Quant aux Ténèbres, elles se sont retirées avec déférence, recroquevillant leur douleur à l'intérieur des corps , léchant leurs plaies comme le ferait une chatte blessée après une nuit de grabuge sans merci.  




Mes phalanges s'engourdissent, mon esprit tend à s'éteindre,
je suis à deux doigts de sombrer lorsque je l’aperçois qui sort de la salle. 
Virevoltant avec aisance sur le goudron, elle plisse ses deux grands yeux , scrutant dans ma direction. 
Ma gorge se serre, mes mains se couvrent de sueur; 
un moucheron malchanceux se retrouve prisonnier dans ma paume., englué dans l'acide liquide. 
La voilà qui s'approche de moi..

courage!