dimanche 31 juillet 2016

sans nom

Ses doigts, rongés par l'urticaire, l'empêchent d'écrire aussi fluidement qu'à l'ordinaire . ça le fout en rogne, il ne cesse de cracher au sol en maugréant d'intelligibles jurons.
Derrière lui, un pigeon mort se décompose silencieusement . L'oiseau gît aux pieds de la grosse commode sombre, couverte d'un océan de livres jetés au hasard, cela fait des semaines qu'il n'y prête plus attention. 
L'envie d'en finir avec son texte obnubile ses pensées, contrôle ses gestes. La frustration grogne au fond de ses entrailles, remuant tripes et boyaux. Tournant lentement la tête vers la fenêtre, son regard croise l'horloge clouée au mur. Depuis combien de temps n'a-t-il pas mangé? 
Ses dents commencent à pourrir d'ennui, ses poils se teintent d'un gris dégueulasse, un gris déprimant et malodorant. 

à l'intérieur de son crâne un millier de pensées se fracassent contre l'os fatigué, commencent à ronger leur prison
de ses narines ruissellent quelques gouttes verdâtres qui viennent s'écraser sans bruit sur le dessus de ses mains, deux montagnes molles posées à plat sur le bureau. Le liquide visqueux recouvre la page blanche, il se met à rigoler 

ce n'est pas un son qui s'échappe de sa gorge mais une fumée noire aux relents de métal, ses yeux s'écarquillent sous le coup de la surprise, ses doigts couverts de plaies tentent vainement d'agripper son cou, sa peau se tend et se couvre de zébrures pourpres, puis commence à peler. 
il sent ses cheveux s'embraser et disparaître, sa vue se brouille , un liquide chaud dégouline de ses oreilles ratatinées, voilà, songe-t-il, la mort me prend trop tôt, je....

 

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